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LETTRE XLIX.

Élisa à M. le Curé de Fréville.

Écouen, ce 14 août 1809.

 Mon cher oncle,

Déjà ma mère vous a donné le détail de notre voyage et de notre séjour à Paris ; elle vous a sûrement rendu compte de la manière honorable dont Son Excellence le Grand-Chancelier a bien voulu nous recevoir. Votre Élisa a besoin quelquefois, mon cher oncle, de se rappeler tout ce qu’elle vous doit, pour tenir loin d’elle un léger sentiment d’orgueil qui pourrait s’emparer de son cœur, et détruire les fruits de vos sages conseils. On me fait trop d’honneur en accordant à mes jeunes années le mérite d’une raison que vous avez fait éclore, et qui s’affaiblirait bien vite par les défauts naturels à mon âge, si votre bienveillante sollicitude se ralentissait. Continuez, mon cher oncle, à guider cette Élisa qu’une ambition pardonnable éloigne pour quelque temps de celui qu’elle révère comme son père. Je vous communiquerai mes plus secrètes pensées, comme si je jouissais encore de vos entretiens ; combattez mes jugemens lorsqu’ils seront