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LETTRE XLVII.

Zoé à Élisa.

Écouen, ce 6 juin 1809.

J’ai regretté Valence depuis quelques jours, ma chère Élisa ; mais ce n’étaient plus les regrets d’un enfant : je m’affligeais d’être éloignée de toi dans des momens que l’inquiétude devait te rendre si longs. Je te savais, il est vrai, près de ta mère ; mais, comme tu le dis, la crainte de l’affliger te faisait garder le silence, et avec moi tu aurais pu verser toutes tes larmes et redire vingt fois le sujet de tes craintes.

Enfin tu as eu des nouvelles de ton frère : la campagne a commencé par des succès ; il espère que l’armée sera bientôt à Vienne : espérons aussi, et tandis que chaque Français contribue à nos victoires par sa bravoure, essayons de la fixer par nos prières.

Nous eûmes avant-hier une superbe cérémonie ; la procession de la Fête-Dieu a eu lieu avec une pompe et une solennité dignes de l’établissement d’Écouen. On avait fait construire un reposoir à l’extrémité de notre parterre. La procession était ouverte par les filles de service habillées en uni-