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LETTRE XLIV.

Élisa à Zoé.

Fréville, ce 12 mars 1809.

Tu me juges trop favorablement, ma bonne Zoé : je ne suis pas jalouse de ton bonheur, il est vrai ; les détails que tu me donnes sur la visite de Napoléon, m’ont intéressée ; j’aurais été ravie de le voir en simple père de famille, loin de ses camps bruyans et de la pompe de ses palais, n’ayant pour garde et pour cour que trois cents jeunes filles. Quel tableau ! Voilà de ces souvenirs qui doivent se conserver jusque dans l’âge le plus avancé. Qu’il sera curieux de pouvoir dire dans soixante ans à ses petits-fils : J’ai vu Napoléon à Écouen, où je fus élevée ! Hélas ! pourquoi mon frère n’a-t-il pas eu la croix de simple légionnaire, au lieu du grade de lieutenant ! Tu le vois, ma chère Zoé, je ne te cache point ce sentiment d’envie dont ta générosité se plaît à me dégager ; et je m’en fie à toi pour me le pardonner.