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manche, continua-t-il, en réjouissance de ma visite, faites-leur donner des tartes et des crèmes. » Au moment où Napoléon allait monter en voiture, il daigna dire à Son Excellence le Grand-Chancelier qu’il allait s’occuper de l’organisation des maisons d’éducation pour les filles de ses légionnaires ; jusqu’à ce moment, notre maison n’était établie que provisoirement. Cette remarque a dû être bien précieuse à Son Excellence qui, depuis deux ans, s’est livrée avec le zèle le plus persévérant à un travail dont les détails minutieux sont peu d’accord avec les occupations que lui imposent ses importans devoirs.

J’avais dévoué ma récréation au plaisir de te communiquer tous ces détails ; mais j’ai été interrompue par des battemens de mains et des cris répétés. Je suis allée à l’endroit d’où partaient ces cris, et j’ai vu toutes les classes réunies dans la cour. Elles étaient bien joyeuses ; car on déballait une grande quantité de mannes d’osier, remplies de vingt sortes de dragées et de confitures que Napoléon envoie à madame la Directrice pour le régal de dimanche.

La joie des enfans est ce qu’elle doit être : la nôtre est d’une nature bien différente ; nous sommes touchées jusqu’au fond du cœur d’avoir obtenu de Napoléon cette marque de bonté paternelle.

Les petites sont véritablement amusantes : une d’elles disait en voyant passer un panier de sucre-