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de semblables revues, dit Napoléon ; ces jeunes personnes ont toutes l’air de la bonne santé. » Quelqu’un répondit avec raison que cela était dû à la pureté de l’air ; et aux bons soins, ajouta Napoléon. Ce mot fut recueilli par les dames qui sentirent combien il est honorable pour elles. Lorsque celui à qui nous devons tant fut arrivé à l’extrémité de l’allée, madame la Directrice lui demanda s’il permettait que les élèves eussent un moment de récréation, et dansassent en sa présence des rondes que nous avons coutume de danser les jours de fête. « Je le veux bien, répondit-il, faites-les danser. » À l’instant, huit ou neuf rondes furent formées dans la longueur de l’allée. Mademoiselle Caroline de R.... chantait seule chaque couplet, qui était répété en chœur par les élèves. Napoléon accorda quelque attention à nos chansons, lorsque nous en fûmes aux deux couplets suivans :


Cette plume qui donna
Des lois à l’Europe entière,
Dans un règlement traça[1]
Nos devoirs, notre prière.

Quand de son nom belliqueux
Il fait retentir la terre,
Ici nos plus simples jeux
L’intéressent comme un père.


  1. Quatorze pages dictées par Napoléon sur l’éducation des filles de la Légion d’honneur, pendant la campagne de Pologne,