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LETTRE XLIII.

Zoé à Élisa.

Écouen, ce 4 mars 1809.

Hier, 3 mars, ma chère Élisa, fut un jour bien mémorable pour la maison d’Écouen ; nous avons eu la première visite de Napoléon. À midi personne ne l’attendait ; à midi et demi il était dans l’intérieur de notre enceinte. Quelle surprise ! quel désordre ! quels éclats de joie ! puis, tout-à-coup, quel silence respectueux ! Madame la Directrice se promenait dans le bois lorsqu’on vit arriver sur la plate-forme extérieure un page et des palefreniers à la livrée de Napoléon ; on courut l’avertir, elle se rendit en toute hâte à la grille. Le page lui dit qu’il était sur la route d’Écouen, et serait arrivé dans peu de minutes. Alors toutes les dames courent à la fois vers madame la Directrice. Que faut-il faire ? Fera-t-on habiller les élèves ? Où se tiendront-elles ? Que feront-elles ? Le temps manquait pour mettre les grands uniformes : en classe, et les dames à leur poste ; ces mots furent les seuls ordres donnés. Le Grand-Chancelier, auquel Napoléon n’avait fait dire qu’à onze heures qu’il allait à