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imposantes, font entendre quelquefois de brusques vérités. Il est à remarquer qu’il se trouve dans presque toutes les cours un personnage de ce genre, qui semble remplacer les anciens fous des rois, et s’arroger le droit de tout dire.

Un jour, le roi demanda à M. de Landsmath quel âge il avait ? Il était vieux et n’aimait pas à s’occuper du nombre de ses années ; il éluda la réponse. Quinze jours après, Louis XV sortit de sa poche un papier, et lut à haute voix : « Ce tel jour du mois de ...... en 1680 et tant, a été baptisé par nous, curé de ***, le fils de haut et puissant seigneur ; etc. — Qu’est-ce ? dit Landsmath avec humeur, serait-ce mon extrait de baptême que Votre Majesté a fait demander ? — Vous le voyez, Landsmath, dit le roi. — Eh bien, Sire, cachez cela bien vite ; un prince chargé du bonheur de vingt-cinq millions d’hommes ne doit pas en affliger un seul à plaisir. »

    cette nouvelle dans la ville : il monte au château, arrive jusqu’auprès du lit du roi, voit ses filles en pleurs, commence par les éloigner en disant à son maître : « Sire, faites renvoyer ces pleureuses, elles ne vous font que du mal. » Il prend le pot de chambre, et le lui présente en disant : « Pissez, toussez, crachez. » Le roi exécute tout ce qu’il commande. « Allons, dit-il, rassurez-vous, la blessure n’est rien, il vous a manqué. » Il ouvre alors son habit, et découvrant sa poitrine : « Voyez, dit-il, ces cicatrices. Ces blessures étaient des abreuvoirs à mouches, et me voilà ; dans deux jours vous n’y penserez plus. » Cette harangue rassura le roi. »

    (Note de l’édit.)