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LETTRE XLII.

Élisa à Zoé.

Fréville, ce 2 mars 1809.

Tu as raison, ma chère Zoé ; tout se ressemble ici, à peine distingue-t-on la journée qui précède de celle qui la suit. Cette uniformité n’est point désagréable ; c’est la vie la plus douce ; mais elle offre peu d’événemens à communiquer et même peu de remarques à faire. Un dîner, le lundi gras, à tous les curés et à tous les vicaires des paroisses environnantes ; un autre, le mardi, aux principaux habitans du bourg voisin de la cure de mon oncle ; voilà de quoi se sont composés les plaisirs de notre carnaval. Nous nous en sommes pourtant procuré de réels en aidant notre bon curé à bien recevoir ses amis. Ma mère et moi nous avons déployé tout notre savoir-faire en pâtisserie d’entremets et en compotes. Mon oncle a reçu mille complimens sur sa manière de donner à dîner, et il était ravi de nous en attribuer tout le mérite.

J’ai lu tes dernières lettres à mon oncle ; il m’a félicitée sur la part que j’ai eue à te faire apprécier ta position. Une fois disposée à profiter de l’éducation que l’on donne à Écouen, tes succès n’étaient