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LETTRE XLI.

De la même à la même.

Écouen, ce 24 février 1809.

Bien peu de jours, ma chère Élisa, ont changé l’aspect d’Écouen. Aux amusemens de toute cette jeunesse a succédé, tout-à-coup, une rougeole presque générale. Nous avons eu d’abord quelques élèves atteintes de cette cruelle maladie, et le lendemain plus de cent étaient déjà alitées. J’ai été attendrie des soins qui ont été prodigués à ces pauvres petites malades : on était aussi éveillé dans la maison la nuit que le jour ; plusieurs de nos dames se sont dévouées au point de veiller toutes les nuits pendant la durée de cette épidémie. Ces soins vraiment maternels, et les secours de médecins habiles, n’ont pu nous empêcher d’avoir trois victimes de cette funeste maladie. Je n’ai pas cessé de craindre pour Victorine. Maman a eu la bonté de venir nous voir fort souvent ; elle nous tranquillisait, et paraissait ne pas craindre pour nous qui avons eu toutes deux la rougeole il y a trois ans. Une belle et bonne petite élève de la classe violette a eu le malheur de perdre sa sœur cadette. La tranquillité de l’aînée pendant la maladie de la plus jeune, et même