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LETTRE XL.

Zoé à Élisa.

Écouen, ce 9 février 1809.

Nous venons de passer, ma chère Élisa, quelques jours de carnaval fort gais. Nous avons eu un lundi et un mardi gras charmans. Madame la Directrice, les dames, tout le monde enfin s’est prêté à nos amusemens avec une bonté parfaite. Nous avons travaillé plusieurs jours à nous faire, avec des papiers de couleur, de fort jolis déguisemens. On a formé des marches, des quadrilles de femmes sauvages, de négresses. Il y a eu régal lundi et mardi : la dame dépositaire avait fait engraisser d’excellentes volailles ; on nous a donné de la pâtisserie, des crèmes ; et la gaieté des petites, lorsqu’elles voient quelques friandises ajoutées à leurs repas ordinaires, est tout-à-fait divertissante. La salle Hortense était éclairée et décorée ; c’est là que l’on dansait au son d’un piano-forte, souvent interrompu par les éclats de rire et les battemens de mains des petites classes, lorsque les grandes élèves entraient ridiculement parées, et se promenaient deux à deux avec un air de majesté. Le mercredi des cendres nous a rendues à notre calme et