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Puis, découvrant sa poitrine : « Voyez, lui dit-il en lui montrant quatre ou cinq grandes cicatrices, voilà qui compte ; il y a trente ans que j’ai reçu ces blessures ; allons, toussez fort. » Le roi toussa. Puis, prenant le vase de nuit, il enjoignit à Sa Majesté, dans l’expression la plus brève, d’en faire usage. Le roi lui obéit. « Ce n’est rien, dit Landsmath, moquez-vous de cela ; dans quatre jours nous forcerons un cerf. — Mais si le fer est empoisonné ? dit le roi. — Vieux contes que tout cela, reprit-il ; si la chose était possible, la veste et les gilets auraient nettoyé le fer de quelques mauvaises drogues. » Le roi fut calmé et passa une très-bonne nuit[1].


Ce même M. de Landsmath, qui, par son langage militaire et familier, avait calmé les alarmes de Louis XV, le jour de l’horrible attentat de Damiens, était de ces gens qui, au milieu des cours les plus

  1. Madame Campan a mis, dans le récit de l’anecdote qu’on vient de lire, une réserve qui sied à son sexe et qu’il est juste d’approuver. Mais dans des notes écrites pour elle seule, les mêmes circonstances se trouvent rapportées d’une manière plus vive, plus franche, plus cavalière, et qui, par cela même, peint mieux le caractère du vieux Landsmath. En citant cette version, au risque de choquer quelques bienséances, l’éditeur en prend tout le blâme sur lui.

    « Le jour de l’assassinat du roi, son fidèle écuyer apprend