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LETTRE XXXVIII.

Élisa à Zoé.

Fréville, ce 28 décembre 1808.

Le remboursement inattendu d’une somme d’argent nous a forcées d’aller pour quelques jours à Valence. Je savais le départ de tes parens pour Paris ; j’ai pensé que tu étais livrée tout entière au bonheur de les revoir ; et j’ai différé à t’écrire jusqu’à mon retour au presbytère.

Nos affaires étant terminées, et le séjour de Fréville nous plaisant beaucoup, nous ne retournerons pas à Valence cet hiver. Madame Firmin, cette ancienne amie de ma mère, reste avec nous ; mon oncle a fixé auprès de lui un ecclésiastique très-instruit, auteur de plusieurs recherches savantes sur l’histoire. Il est d’une extrême complaisance, il nous fait chaque soir quelque lecture intéressante pendant que nous travaillons à l’aiguille, et de la sorte les longues soirées d’hiver s’écoulent avec une surprenante rapidité. Ce n’est plus la crainte de rencontrer à la ville des personnes que l’on veut que j’évite, qui nous retient ici, mais seulement le bonheur que nous y trouvons. Il a fallu bien moins de temps que nous ne