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LETTRE XXXV.

Élisa à Zoé.

Fréville, ce 13 décembre 1808.

Après avoir voyagé plus commodément que lors de notre départ pour le château de ...., nous sommes arrivées à Fréville il y a trois jours, ma chère Zoé. Nous étions impatientes de revoir ce bon curé et d’apporter dans sa retraite toute notre satisfaction.

Quelle joie pour nous et pour lui quand nous le serrâmes dans nos bras ! il embrassait ma mère, et des larmes coulaient de ses yeux. Des larmes, ma Zoé, avec des traits de soixante-dix ans et des cheveux blancs ! Cela fit bien couler les miennes ; et quand j’entrai dans le salon, les yeux encore tout remplis de pleurs, je fus quelques instans sans apercevoir combien mon oncle l’avait embelli pendant notre absence. Au lieu de la vieille peinture jaune de la boiserie, c’est maintenant une peinture fraîche et d’une agréable couleur ; à la place des chaises de paille et du vieux canapé de canne, on a mis un meuble d’une jolie toile, une table d’acajou au milieu de la chambre, et sur la