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homme vivant dans une grande cour, ont dit sur la politesse. Après eux, que pourrai-je ajouter ? Je serai porté naturellement à répéter ces réflexions probablement en termes moins choisis, et vous avez un trop bon esprit pour ne pas mettre à profit le peu de lignes que je vous ai transcrites, en jugeant, comme je le fais, que l’on a souvent imprimé des volumes qui renfermaient moins de substance.

On peut, je crois, distinguer deux sortes de politesse : l’une consiste dans la seule connaissance d’une foule d’usages qu’une femme aigre et désobligeante peut souvent exercer avec scrupule, sans avoir pourtant trouvé l’art de plaire ; c’est une politesse d’étiquette, que, dans ma retraite, je puis avoir oubliée et que vous apprendrez bientôt en observant ce qui se passe autour de vous : l’autre ne s’enseigne point ; elle est de tous les temps et de tous les pays, et ce qu’elle emprunte de l’un et de l’autre est si peu essentiel, qu’elle se fait sentir à travers le style le plus ancien et les coutumes les plus étrangères. Bien qu’elle ait besoin d’être développée par l’usage, elle part de l’ame, elle tire son charme le plus grand d’un sourire ou d’un regard, elle est la politesse du cœur ; et je peux vous le dire, ma chère Élisa, cette précieuse qualité qui répand la joie autour de nous, et qui attire la bienveillance et l’amitié, vous la possédiez dès votre enfance, et vous l’exerciez comme par instinct envers vos jeunes compagnes. Je suis donc beaucoup plus rassuré que vous-même sur votre