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LETTRE XXVI.

Élisa à Zoé.

Valence, ce 18 août 1808.

Je suis ici pour vingt-quatre heures seulement, ma chère Zoé ; un voyage auquel je ne m’attendais pas nous a fait quitter notre campagne. Nous sommes allées hier chez tes parens ; nous les avons trouvés dans la plus grande joie. Tes frères, qui sont, comme tu le sais, au lycée de Lyon, se conduisent parfaitement ; et lorsque nous sommes entrées, ton père venait de recevoir à la fois une lettre du proviseur qui lui donnait sur eux les meilleurs témoignages, et une lettre de toi, qui contenait deux bons cachets. Tu peux juger combien nous nous sommes trouvées heureuses, ma mère et moi, de partager avec tes chers parens ce moment de satisfaction.

Je vais à présent te parler de mon voyage, dont il était déjà question depuis plus de dix-huit mois. L’invitation qui nous était faite d’aller passer quelque temps au château de R.... n’avait jamais été que vague et polie ; mais, depuis un mois, ma mère a reçu trois lettres si pressantes de madame