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sont ordinairement turbulentes, donnaient à notre réunion un air de société qui me charmait.

Pourquoi suis-je si ignorante ? Sans cela je serais de la classe des plus grandes : elles passent presque toutes les soirées d’hiver chez madame la Directrice : là on fait des lectures intéressantes ; on écoute des conversations qu’elle fait naître entre elle et les dames, dans l’intention d’amuser les élèves ; on s’instruit sans qu’il y paraisse, et sans cet appareil sévère de classes, de bancs, de règlement et de contrainte, auquel j’ai encore bien de la peine à m’accoutumer.

Victorine ne songe à rien de tout cela. Elle s’assied sur un banc de bois comme sur un canapé ; quand la cloche sonne, elle rentre sans regrets, et quelquefois j’envie sa légèreté, puisqu’elle la rend insensible à tous les petits dégoûts que j’éprouve encore.

Mais peut-être que le temps où je dois arriver à la classe des grandes viendra bientôt. Je ne m’en croirais pas éloignée, si tu pouvais suivre de près ma conduite, et me communiquer chaque jour tes précieux conseils.