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LETTRE XXI.

De la même à la même.

Chabeuil, ce 16 juin 1808.

Ma chère Zoé, le jour choisi pour la réunion qui devait avoir lieu chez M. de Mirbot, fut lundi dernier. Il était convenu que nous serions tous rendus au château pour déjeuner à midi. Mon oncle s’était disposé à faire route à cheval avec mon frère ; et nous avait laissé, pour ma mère et moi, sa petite carriole.

Je me préparai à cette journée de fort bon cœur. Je me parai d’une robe de crêpe blanc faite pour un bal de cet hiver, où je n’étais pas allée. Je me coiffai d’un chapeau garni d’une belle branche de lilas artificiel. J’en cueillis une pareille dans le petit bosquet de mon oncle, et je m’en fis un bouquet. Je mis des gants blancs ; et cette simple toilette, accompagnée d’une belle parure d’ambre que mon frère m’a rapportée de Berlin, avait, à la vérité, un ensemble très-agréable. Je m’en assurai plusieurs fois en me regardant dans la glace. J’entrai dans le salon, je saluai, je souris pour voir