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LETTRE XVI.

Zoé à Élisa.

Écouen, ce 19 mai 1808.

Nous avons eu, il y a huit jours, la visite d’une personne d’un haut rang, que madame la Directrice a eu l’honneur d’élever. Quoique les bâtimens ne soient pas encore entièrement achevés, elle est venue visiter notre maison. On travaille au pont qui conduit à l’entrée principale ; la voiture n’a pu arriver jusqu’à la cour, mais la personne qu’on attendait a franchi très-lestement les planches qui servent à passer sur le fossé ; elle a été reçue à la porte de la chapelle par le premier aumônier et par les autres ecclésiastiques attachés à la maison, et a entendu notre messe. Nous sommes toutes enchantées des grâces, de la bonté et de l’air de noblesse de cette personne ; elle avait avec elle son fils aîné : il est très-vif et paraît fort spirituel. Sa fille est d’une beauté surprenante, et semble avoir déjà les grâces nobles et attrayantes de sa mère.

L’ancienne élève de madame la Directrice a déjeuné chez elle, et a fait cadeau d’une jolie bague à la demoiselle de semaine, qui aidait à faire les honneurs de la maison. On lui a dit des choses très-