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vient encore de se faire entendre ; elle ne cesse de sonner la rentrée en classe, la leçon d’écriture, celle de l’institutrice ; je ne pourrais lui pardonner son bruit infernal que si elle sonnait plus souvent la récréation. Elle sonne dix minutes avant le dîner, pour que nous remplissions, comme des servantes, l’agréable devoir de nettoyer nos bureaux et de balayer nos classes ; puis elle sonne le dîner, le souper, le coucher : mais la plus détestable de toutes ces sonneries est celle du matin ; enfin nous marchons ici comme une horloge. Ah ! que je regrette ma petite chambre de Valence, si calme, si éloignée du bruit de la rue ! Que j’étais injuste lorsque je murmurais contre un pauvre coq qui m’éveillait, à la vérité, assez souvent, mais qui me laissait au moins la liberté de me rendormir ! Ici, il faut que trois cents personnes marchent comme une seule, d’après une seule volonté, à un seul ordre ; il y a, de plus, des minuties qui me révoltent. Crois-tu que pour aller d’un endroit à l’autre, lorsqu’on ne marche pas en procession, il faut tenir à la main une petite planche sur laquelle est écrit le nom de l’endroit où l’on vous permet de vous rendre ? On y lit ces différens mots , Roberie, Lingerie, Musique, etc. Si une dame rencontre une élève sans cette espèce de passe-port, elle a le droit de la prendre par la main et de la conduire chez madame la Directrice ; tu sens qu’une visite faite de cette manière est très-désagréable. J’écrirais un volume de toutes les choses de ce genre établies dans la maison d’Écouen ; tu