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LETTRE XIV.

Zoé à Élisa.

Écouen, ce 4 mai 1808.

Quelle horrible maison, ma chère Élisa ! Quelle vie j’y vais mener ! Je me ressentirai toute la journée du réveil que j’ai eu aujourd’hui. Comme je m’étais enrhumée à Paris, ma mère avait désiré qu’en arrivant on me couchât à l’infirmerie ; maintenant je suis guérie, et je viens d’être installée dans un dortoir voisin de la cloche qui sonne les devoirs. À six heures j’ai entendu un bruit terrible ; j’ai d’abord été fort effrayée ; mais j’ai passé la tête sous ma couverture, et me suis bientôt rendormie. Cependant je me suis entendu appeler par mon nom ; j’ai regardé, et j’ai vu la dame surveillante, tout habillée, qui était arrêtée au pied de mon lit. Mes compagnes étaient déjà levées et prêtes à passer en classe ; il m’a donc fallu prendre mon parti, et, un œil fermé, l’autre ouvert, je me suis habillée ; mais, en me hâtant, j’avais mis mon tablier à l’envers, et, pour surcroît de plaisir, j’ai eu l’agrément de servir de risée à toute ma division. Un second coup de cloche s’est fait entendre pour la prière,