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LETTRE XI.

La Directrice de la Maison d’Écouen à madame de…

Écouen, ce 18 avril 1808.

Vous avez si bien défini, Madame, les motifs qui ont fait interdire aux élèves de la maison confiée à mes soins les correspondances confidentielles avec leurs jeunes amies, que je n’ai rien à vous dire pour motiver cette décision : mais vous rendez si intéressantes les relations que notre aimable Élisa désire établir avec mademoiselle Zoé M……, que je m’engage de tout mon cœur à faire parvenir les lettres des deux amies, sans les lire. Je sais tout ce qu’un enfant gâté dira ou inventera sur la tenue et les règlemens de notre maison ; mais je sais si bien ce qui lui sera répondu, que je n’en ai aucune inquiétude. Si la tendresse maternelle, qui prend trop souvent le caractère de la faiblesse, était toujours dirigée par la justesse d’esprit, on n’aurait rien à craindre, pour les élèves, des fausses confidences qui alarment mal à propos les familles. Trop souvent, une petite fille qui n’apprend pas, dit qu’on ne lui donne pas de leçons ; une friande, privée de sucreries, assure qu’elle est mal nourrie ; une mé-