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LETTRE VII.

Zoé à Élisa.

Valence, ce 8 avril 1808.

Ta dernière lettre était bien longue, ma chère Élisa ; je n’ai eu que le temps de la parcourir, je l’emporte avec moi, ainsi que toutes celles que j’ai de toi. Elles sont dans mon sac avec un ruban que tu me donnas l’hiver dernier ; je les lirai lorsque j’en aurai le temps. Les visites de complimens et d’adieux me désolent ; mon père me fait des yeux terribles quand je suis près de pleurer, je renfonce mes larmes ; mais dans ma chambre j’en verse tant que je peux, et j’ai les yeux rouges au point de faire peur à tout le monde. Adieu, adieu, nous partons demain à sept heures du matin. Demain, à l’heure où je t’écris, j’aurai quitté mon père, mes amies, mes connaissances, mes habitudes, pour aller me mettre derrière des grilles et sous la férule de pédantes que je ne connais pas. Rien, rien ne pourra me consoler. Je lirai peut-être, mais bien inutilement, les conseils dont ta lettre est remplie. Encore adieu ; aime et plains, je t’en supplie, ta désolée Zoé M....