Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LETTRE VI.

Élisa à Zoé.

Chabeuil, ce 4 avril 1808.

Je ne pourrais, dis-tu, figurer à Écouen qu’en institutrice ! Ah ! ma chère Zoé, tu es bien dans l’erreur : je ne sais rien par principe, comment donc pourrais-je enseigner ? J’aime la lecture, et j’ai goûté les pieuses et savantes conversations de mon oncle, toutes les fois que j’ai pu en jouir, mais je ne le vois guère que six semaines par année. Si mon orthographe est passable, c’est uniquement par routine, et mon style ne s’est formé que par la lecture des Lettres de madame de Sévigné. D’autres livres, tels que les Caractères de La Bruyère et les Sermons de Massillon, que j’ai lus plusieurs fois, ont placé quelques idées morales dans ma mémoire et dans mon cœur ; et tout ce que mon oncle me dit et m’écrit sur la beauté de l’Évangile, sur la force d’ame que l’on puise dans la pratique de notre sainte religion, a dirigé ma conduite. Je sens qu’il faut se rendre utile ; on peut l’être infiniment plus en s’instruisant, et en fortifiant son jugement. Les méchantes idées s’éloignent par le constant emploi du temps, aussi ai-je grand