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LETTRE IV.

Élisa à Zoé.

Chabeuil, ce Ier avril 1808.

Tu me fais une véritable peine, ma Zoé. Quel travers de rechercher une amie, et de ne pas vouloir qu’elle te parle avec sincérité ! Ce n’était pas une amie que tu voulais ; c’était une compagne d’amusemens ou une complaisante. L’amitié autorise les conseils utiles. C’est une vérité, ma chère Zoé, à laquelle on est heureux de croire : alors, au lieu de s’offenser des remontrances les plus sévères, on les écoute avec soumission et reconnaissance, lorsqu’elles viennent d’amis qui croient avoir à nous reprendre de nos défauts. J’oserai donc te dire la vérité et te contrarier, puisque ton bonheur en dépend ; je t’avouerai, par exemple, que j’applaudis à la sagesse de ton père, lorsqu’il prescrit de ne pas t’enchanter, pendant une quinzaine de jours, de plaisirs auxquels il te faudrait si promptement renoncer, et qui ne peuvent être, dans tous les cas, que des amusemens passagers pour des familles aussi peu fortunées que les nôtres. En les quittant, tu te persuaderais facilement que tu éprouves un nouveau malheur. Crois-moi, ma