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Madame Cardon, ma tante, femme de chambre de la reine, partit pour la Belgique, et fit sortir de France la malle[1] qui contenait le trousseau.

À peu près dans le même temps, j’emballai, seule avec la reine, les diamans qu’elle voulait faire passer à l’étranger. M. le duc de Choiseul porta ces diamans à Bruxelles.

Lorsque le mois de juin fut choisi pour l’époque du voyage, la reine me fit partir pour l’Auvergne. Les plus grands chagrins et les projets de la plus haute importance ne distrayaient point Sa Majesté de la bienveillance qu’elle accordait à d’anciens serviteurs. C’était par ses ordres que les médecins envoyaient M. Campan, mon beau-père, aux eaux du Mont-d’Or. La reine voulait l’éloigner des scènes populaires qu’elle croyait devoir se passer après le départ de la famille royale.

Le mois de juin n’était pas dans mon service ; je ne pouvais donc partir avec la reine. Sa Majesté voulait cependant que je la suivisse ; elle pensait que de l’Auvergne, en gagnant Lyon, j’aurais plus de facilité pour sortir de France. Je me mis donc en route, avec l’ordre formel de la rejoindre dès que j’aurais appris quel était le lieu de son séjour en pays étranger.

  1. Il y avait aussi dans cette malle des robes et du linge pour Madame, des habits et du linge pour monseigneur le dauphin.