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comment on doublait aussi facilement son argent. « Je te mènerai, lui répondit son ami, dans une maison très-honnête où la fortune peut te favoriser au point non-seulement de la doubler, mais de la tripler..... »


(Les manuscrits de madame Campan ne renferment pas la suite de l’aventure : il est fâcheux qu’elle se trouve ainsi suspendue dans une situation dramatique. Madame Campan reprend de la manière suivante le cours de son récit dans un autre fragment.)


Mon père, né avec de la fortune, épousa par inclination ma mère qui n’en avait pas. Elle lui apporta pour dot une charmante figure, une grande pureté de mœurs, un attachement qui ne s’est jamais éteint qu’avec elle, un père et une mère auxquels il ne restait pour tout bien qu’une rente viagère de deux mille livres, un frère qui venait d’être reçu avocat à Paris, et deux jeunes frères encore au collége. Mon père se chargea de toute cette famille.

Cinq ans avant de se marier, mon père avait quitté Paris pour achever son droit public dans les grandes écoles de l’Allemagne, et fit aussi un séjour assez long en Angleterre ; son projet était de suivre la carrière diplomatique. Son père s’y opposait : l’ayant destiné à la magistrature, il voulait le faire conseiller au Châtelet. Un des motifs des