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POUR MON FILS.

Ce 6 brumaire an V de la république.
(29 novembre 1797.)

À Saint-Germain-en-Laye.

J’ai toujours pensé qu’il était désagréable de ne pas bien connaître l’origine de sa famille, de ne pas savoir auxquels de ses auteurs on devait de la reconnaissance pour l’existence qu’ils nous ont acquise dans le monde, et de ne pas connaître enfin à qui l’on tient par les liens du sang, dans quel pays ou dans quelle ville on peut avoir des parens, et à quel degré on leur appartient.

La vanité avait érigé cette connaissance en science qui a fait imprimer des volumes nombreux, et les ouvrages de généalogie étaient chers à la noblesse qui pouvait y retrouver les titres pompeux de ses ancêtres. Pourquoi le sentiment de reconnaissance pour un père ou un grand-père qui, sortant de l’humble toit qui l’avait vu naître, a formé lui-même sa fortune, ne nous porterait-il pas à vouloir connaître et suivre la trace de ses travaux et des efforts auxquels nous devons l’avantage pré-