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était un homme de bonne famille, et qui avait eu l’honneur de servir le roi vingt-cinq ans dans un de ses régimens. Ainsi, honteusement chassé de cette salle, il vint se placer sur le passage du roi dans la grande salle des gardes, et, s’inclinant devant Sa Majesté, lui demanda de rendre l’honneur à un vieux militaire qui avait voulu terminer ses jours en servant son souverain dans sa maison civile, quand son âge lui interdisait le service des armes. Le roi s’arrêta, écouta son récit fait avec l’accent de la douleur et de la vérité, puis lui ordonna de le suivre. Le roi assistait au spectacle dans une espèce d’amphithéâtre où était son fauteuil ; derrière lui était un rang de plians pour le capitaine des gardes, le premier gentilhomme de la chambre et d’autres grands officiers. Le chef de brigade avait droit à une de ces places ; le roi s’arrêtant à la place qu’il devait occuper, dit à son contrôleur : « Monsieur, prenez près de moi, pour ce soir, la place de celui qui vient de vous offenser, et que l’expression de mon mécontentement pour cette injuste offense vous tienne lieu de toute autre réparation. »


Dans les dernières années de la vie de Louis XIV, ce prince ne sortait plus qu’en chaise à porteurs, et témoignait une grande bienveillance pour un nommé d’Aigremont, son porteur de devant, qui ouvrait