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La paix fut faite et signée, le 8 novembre 1785, entre l’empereur et les Provinces-Unies, sous la médiation de la France.

Le singulier fut l’indemnité accordée à l’empereur : cette indemnité fut de dix millions de florins de Hollande ; les articles 15, 16, 17 du traité stipulaient la quotité de cette indemnité. La Hollande paya cinq millions et demi de florins, et la France, par ordre de M. de Vergennes, quatre millions cinq cent mille florins, c’est-à-dire, neuf millions quarante-cinq mille livres, dit M. Soulavie.

M. de Ségur, dans son ouvrage intitulé Politique des Cabinets, troisième volume, dit dans une note sur un mémoire de M. de Vergennes, relatif à cette affaire :

« On a beaucoup blâmé M. de Vergennes d’avoir terminé, par un sacrifice de sept millions, la contestation qui existait entre les Provinces-Unies et l’empereur. Dans ce siècle de philosophie, on était encore bien barbare ; dans ce siècle de commerce, on calculait bien mal ; et les hommes qui accusaient la reine d’envoyer l’argent de la France à son frère, auraient mieux aimé que, pour soutenir une république sans énergie, on sacrifiât le sang de deux cent mille hommes, et trois ou quatre cents millions, en s’exposant à perdre le fruit de la paix qu’on venait de dicter à l’Angleterre. Il est triste et humiliant de voir comment et par qui on est jugé ; ceux qui se rappellent