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sanguinaire, à la tête de laquelle étaient Robespierre et Marat, voulurent faire prononcer la déchéance du roi et fonder une république. Le parti constitutionnel, quoique très-affaibli, eut encore assez de force pour s’y opposer. La constitution fut achevée ; le roi, qui, depuis son voyage manqué, était en arrestation, fut rendu à la liberté, et vint faire sur cette nouvelle charte le serment de la maintenir et de la défendre. On donna des fêtes brillantes qui précédèrent de bien peu des jours de deuil et de désespoir. Deux décrets que le roi rejeta, celui qui menaçait les prêtres[1] et celui relatif à la formation d’un camp sous Paris, servirent

  1. « La cour était dans la plus grande perplexité. Quant à Louis XVI, ce prince, faible et sans volonté, montrait, pour la première fois, le plus grand courage. Le clergé était de toutes parts emprisonné, exilé, massacré : lui seul soutenait sa cause avec magnanimité. Henri IV avait abjuré sa religion pour la couronne, et Louis l’abdiquait pour conserver sa religion. Le faible Charles Ier, refusant aux presbytériens de signer l’abolition de l’épiscopat, marchait droit à l’échafaud. Louis, en l’imitant, savait que le même sort lui était réservé ; et chaque jour, comme pour apprendre à mourir, il lisait un chapitre de Hume et de Rapin de Thoiras. Étudiant la conduite de Charles Ier, abandonné peu à peu des princes de son sang et de ses tantes qui erraient en Europe à l’aventure ; n’ayant pour conseil qu’une femme furieuse qui avait contribué à le conduire à cette situation ; environné de ses deux enfans qui avaient une figure angélique, il fut grand et intéressant dans l’adversité. » On reconnaît Soulavie, son injustice et sa haine, aux expressions qui sont soulignées.
    (Note de l’édit.)