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Bientôt après, des embarras de finances, l’opiniâtre résistance des parlemens et l’impéritie du ministre de Loménie de Brienne amenèrent la convocation des états-généraux. Malgré les excès qui souillèrent cette époque, malgré le renversement de toutes les anciennes institutions, le bien pouvait encore se faire, si l’Assemblée constituante eût cédé aux avis, aux lumières du parti qui réclamait non-seulement une garantie pour les libertés nationales, mais les avantages d’une noblesse héréditaire, par la formation d’une chambre haute, composée d’une noblesse qui ne serait plus exposée à voir les talens rendus inutiles au bien du pays par la volonté d’un souverain ou la haine d’un favori. Des noms respectables se voyaient à la tête de ce parti : le marquis de Lally-Tollendal, le vicomte de Noailles, le marquis de La Fayette, Malouet, Mounier, etc. Le duc d’Orléans y figura quelques instans, mais seulement comme homme mécontent et factieux, prêt à passer successivement dans tous les partis les plus exagérés. Parler alors à la cour de la constitution anglaise, faire du roi de France un roi d’Angleterre, paraissait aussi criminel que si l’on eût osé proposer de détrôner le roi, de briser la couronne ornée des lys. Le parti des deux chambres, rejeté par la cour, donna le temps à un parti plus républicain de se former et de s’appuyer de la force populaire. M. de La Fayette, imbu des principes américains qu’il avait servis si glorieusement,