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est sensible. Moi, qui la vois depuis quinze ans attachée à son auguste époux, à ses enfans, bonne avec ses serviteurs, malheureusement trop polie, trop simple, trop en égale avec les gens de cour, je ne puis supporter de voir injurier son caractère. Je voudrais avoir cent bouches, je voudrais avoir des ailes, je voudrais inspirer cette confiance pour écouter la vérité qu’on accorde si facilement au mensonge : implorons encore le temps sur cet important objet.


Opinions de la reine sur la noblesse.

La reine m’a dit souvent : « La noblesse nous perdra, mais je pense que nous ne pouvons nous sauver sans elle. Nous n’agissons quelquefois dans un sens qui blesse la noblesse, qu’avec de bonnes intentions pour elle. Cependant lorsque je suis boudée par les gens qui nous environnent, j’en suis affligée : alors nous faisons quelques démarches ou quelques confidences pour rassurer tous ces pauvres gens qui ont réellement bien à souffrir. Ils en font bruit ; les révolutionnaires en sont instruits, s’en alarment ; l’Assemblée devient plus pressante, plus virulente, et les dangers s’accroissent. »