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le souffle impur de la calomnie se dissiperont ; et quand on a l’âge de la reine et ses vertus, on peut encore se flatter de reprendre, dans l’histoire et aux yeux de la postérité, le rang qu’on ne peut sans injustice lui enlever. Les princes assaillis par les faiblesses et les vices vers leur déclin, ont inutilement montré quelques vertus dans leur première jeunesse ; leurs dernières années effacent l’éclat des premières, et ils emportent au tombeau la haine et le mépris de leurs sujets. Que de belles années restent encore à parcourir à notre aimable souveraine ! et lorsqu’elle agit par elle-même, elle est toujours sûre du plus grand succès. Elle vient d’en donner la preuve dans les momens les plus critiques ; et Paris, imbu de tous les propos les plus séditieux, Paris, lisant sans cesse les libelles les plus dégoûtans, n’a pu lui refuser cette admiration que l’on doit au vrai courage, à la présence d’esprit et aux grâces. Ses plus cruels ennemis se bornent à dire : « Il faut convenir que c’est une femme forte. » Je ne puis vous exprimer combien je suis occupée de l’opinion qu’on a de cette intéressante princesse dans les cours étrangères : les libelles affreux y ont-ils été envoyés ? Croit-on en Russie qu’une madame Lamotte ait jamais été l’amie de la reine ? Croit-on à tous les contes odieux de cette trame infernale ? J’espère que non : la justice, les réparations qui sont dues à cette princesse ne cessent de m’occuper. J’en perdrais la raison, si j’étais un peu plus jeune, et si ma tête était aussi vive que mon cœur