Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus heureux qu’il ne l’était ; j’ai eu besoin d’argent pour payer les dépenses occasionées par les guerres. J’en ai demandé à mon peuple, comme l’ont toujours fait mes prédécesseurs ; des magistrats qui composent le parlement s’y sont opposés, et ont dit que mon peuple seul avait le droit d’y consentir. J’ai assemblé à Versailles les premiers de chaque ville par leur naissance, leur fortune ou leurs talens ; voilà ce qu’on appelle des états-généraux. Quand ils ont été assemblés, ils m’ont demandé des choses que je ne puis faire, ni pour moi, ni pour vous qui serez mon successeur : il s’est trouvé des méchans qui ont fait soulever le peuple, et les excès où il s’est porté les jours derniers sont leur ouvrage ; il ne faut pas en vouloir au peuple. »

La reine faisait entendre parfaitement au jeune prince qu’il devait traiter avec affabilité les commandans de bataillon, les officiers de la garde nationale, et tous les Parisiens qui se trouvaient rapprochés de lui : l’enfant s’occupait beaucoup de plaire à toutes ces personnes-là, et quand il avait eu occasion de répondre avec obligeance au maire ou aux membres de la commune, il venait dire à l’oreille de sa mère : Est-ce bien comme cela ?

Il pria M. Bailly de lui faire voir le bouclier de Scipion qui est à la bibliothèque royale ; et M. Bailly lui ayant demandé lequel il préférait de Scipion ou d’Annibal, le jeune prince répondit, sans hésiter, qu’il préférait celui qui avait défendu son