comte d’Estaing[1] et le marquis de Nesle, qui avaient alors la faveur populaire. Douze gardes-du-corps, et la garde bourgeoise de Versailles, le conduisirent jusqu’au Point-du-Jour, près de Sèvres, où l’attendait la garde parisienne. Son départ causa une douleur égale aux alarmes auxquelles on était livré, malgré le calme qu’il fit paraître. La reine retint ses larmes, et s’enferma dans ses cabinets avec toute sa famille. Elle envoya chercher plusieurs personnes de sa cour : on trouva des cadenas à leurs portes. La terreur les avait éloignées. Le silence de la mort régnait dans tout le palais, les craintes étaient extrêmes ; à peine espérait-on le retour du roi[2]. La reine se fit préparer une robe, et fit ordonner à ses écuries de tenir tous ses attelages prêts. Elle écrivit un discours de quelques lignes pour l’Assemblée, voulant s’y rendre avec sa famille, son palais et son service, si le roi était retenu prisonnier dans Paris. Elle apprenait ce discours ; je me souviens qu’il commençait par ces mots : « Messieurs, je viens vous remettre l’épouse et la famille de votre souverain ; ne souffrez pas que l’on désunisse sur la terre ce qui a été uni
Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/61
Cette page a été validée par deux contributeurs.