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ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES

ET PIÈCES OFFICIELLES.

Note (A), page 3.

Extrait des Mémoires de l’abbé Georgel.

« La comtesse de Lamotte, qui va jouer un si grand rôle sur ce théâtre, dans le drame dont les lamentables scènes vont se succéder, était née en Champagne, sous le chaume et dans l’indigence. C’était un écart de l’aveugle fortune ou un effet du malheur ; car elle a prouvé depuis qu’elle descendait, par la branche des comtes de Saint-Remy, de la maison royale de Valois. Le généalogiste d’Hozier lui en avait donné un certificat. Cette auguste origine n’avait pas beaucoup amélioré sa situation. Elle devint l’épouse de M. de Lamotte, gentilhomme et simple gendarme. Leurs communes ressources étaient très-médiocres : le besoin ne nous avilit pas aux yeux de l’homme bienfaisant ; quand il n’est pas le fruit de l’inconduite. C’est sous ce point de vue qu’elle se présenta au grand aumônier pour intéresser sa générosité, et en même temps pour lui demander ses bons offices auprès du roi. La comtesse de Lamotte, sans avoir l’éclat de la beauté, se trouvait parée de toutes les grâces de la jeunesse ; sa physionomie était spirituelle et attrayante ; elle s’énonçait avec facilité ; un air de bonne foi dans ses récits mettait la persuasion sur ses lèvres : nous verrons bientôt que ces dehors séduisans cachaient l’ame et les talens magiques de Circé.

» La naissance et les malheurs d’une descendante des Valois