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saient le Carrousel et les rues voisines des Tuileries. Les sanguinaires Marseillais étaient à leur tête, les canons braqués contre le château. Dans cette extrémité, le conseil du roi députa M. Dejoly, ministre de la justice, vers l’Assemblée, pour lui demander d’envoyer au roi une députation qui pût servir de sauvegarde au pouvoir exécutif. Sa perte était résolue ; on passa à l’ordre du jour. À huit heures, le département se rendit au château ; le procureur-syndic, voyant que la garde intérieure était prête à se réunir aux assaillans, entra dans le cabinet du roi, et demanda à lui parler en particulier. Le roi le reçut dans sa chambre ; la reine l’accompagna. Là, M. Rœderer leur dit que le roi, toute sa famille et les gens qui les environnaient, allaient infailliblement périr, à moins que Sa Majesté ne prît sur-le-champ le parti de se rendre à l’Assemblée nationale. La reine s’opposa d’abord à ce conseil ; mais le procureur-syndic lui dit qu’elle se rendait responsable de la mort du roi, de ses enfans et de tout ce qui était dans le palais ; elle ne fit plus d’objection. Le roi consentit à se rendre à l’Assemblée. En partant, il dit aux ministres et aux personnes qui l’entouraient : Allons, Messieurs, il n’y a plus rien à faire ici[1]. La reine, en sortant

  1. Le narrateur cité par Montjoie rend compte en ces mots des efforts que fit M. Rœderer auprès du peuple, auprès de la garde nationale, et de l’entretien qu’il eut ensuite avec le roi dans son cabinet. Cette relation du 10 août contient aussi