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reine et par les personnes qui furent témoins de son retour dans son intérieur.

Lorsque la famille royale fut ramenée de Varennes aux Tuileries, le service de la reine éprouva les plus grandes difficultés pour arriver jusqu’à son appartement : tout avait été arrangé pour que la femme de garde-robe qui avait servi d’espion restât seule chargée de son service ; elle y devait être aidée par sa sœur et sa fille.

M. de Gouvion, aide-de-camp de M. de La Fayette, avait fait placer le portrait de cette femme au bas de l’escalier qui conduisait chez la reine, afin que la sentinelle ne permît pas à d’autres femmes d’y pénétrer. Aussitôt que la reine fut instruite de cette pitoyable consigne, elle l’apprit au roi qui, ne pouvant le croire, envoya au bas de l’escalier pour s’assurer du fait. Sa Majesté fit donc demander M. de La Fayette, réclama la liberté de son intérieur, et surtout de celui de la reine, et lui ordonna de faire sortir du palais une femme à laquelle lui seul pouvait donner de la confiance. M. de La Fayette fut obligé d’y consentir[1].

  1. La consigne qui écartait toutes les femmes attachées au service de la reine avait été forcée par le peuple d’une manière qui peint ce changement subit que des choses frappantes ne manquent jamais d’amener dans les attroupemens. Le jour que l’on attendait le retour des infortunés voyageurs, les voitures ne circulaient pas dans les rues de Paris. Cinq ou six femmes de la reine, après avoir été refusées à toutes les portes, se trouvaient à celle des Feuillans avec une de mes sœurs qui avait