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ferait partir. J’exécutai cet ordre sans paraître le cacher par le moindre mystère. J’ordonnai à la femme de garde-robe d’ôter tout ce que contenait le nécessaire, parce que celui destiné à madame l’archiduchesse ne pouvait être achevé de long-temps ; et d’avoir grand soin de ne laisser aucune trace des parfums qui pouvaient ne pas convenir à cette princesse. J’anticiperai sur l’ordre des événemens pour faire voir que toutes ces précautions ne furent pas moins inutiles que dangereuses.

Après le retour de Varennes, le maire de Paris remit à la reine une dénonciation de la femme de garde-robe, datée du 21 mai, où elle déclarait qu’il se faisait des préparatifs aux Tuileries pour un départ ; qu’on avait cru qu’elle ne devinerait pas le motif de l’envoi du nécessaire de la reine à Bruxelles, mais que l’annonce d’un présent fait par Sa Majesté à sa sœur, n’était qu’un prétexte ; que Sa Majesté était trop attachée à ce meuble pour s’en priver, et qu’elle avait dit souvent qu’il lui serait très-utile en cas de voyage. Elle déclara aussi que j’étais restée une soirée entière enfermée avec la reine, et occupée à emballer de nouveau tous ses diamans ; qu’elle les avait trouvés épars avec du coton sur le canapé de l’entresol de la reine aux Tuileries. Cette dénonciation fit juger à la reine que cette femme avait, à son insu, une double clef de ce cabinet. Sa Majesté avait, à la vérité, interrompu l’arrangement de ses diamans, un soir, à sept heures, pour se rendre à son jeu, et avait ôté la clef de son cabi-