Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/427

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tendu en noir ; un candélabre à chaque pilier, un cordon de lampions au-dessus de la corniche, un amphithéâtre autour de la rotonde rempli d’auditeurs en deuil, présentaient un spectacle aussi majestueux qu’imposant. L’Assemblée nationale s’y était rendue par députation. »


Note (U), page 252.

« Le roi (de Naples), ayant atteint sa dix-huitième année, épousa Marie-Caroline d’Autriche, fille de l’illustre Marie-Thérèse (1768). Ce mariage promettait à la nation napolitaine qu’on ne verrait plus désormais l’Autriche prétendre au trône de Naples, et que de long-temps cette puissance ne menacerait son repos. Mais, dès ce moment, cessa l’influence du cabinet de Madrid. L’Angleterre avait uni ses intérêts à ceux de l’Autriche ; et celle-là, par son commerce, et celle-ci, par ses alliances, avaient déjà pris le plus grand ascendant sur les affaires d’Italie. L’Autriche, pour assurer le sien sur la cour de Naples, ne négligea pas le moyen puissant que lui offrait la fortune ; il fut stipulé, dans le contrat de mariage de Ferdinand et de Caroline, qu’après la naissance de son premier fils, la jeune reine entrerait au conseil, en ferait partie, et qu’elle y aurait même voix délibérative ; droit qu’elle n’omit pas d’exiger lorsque le temps en fut venu. Ce fut alors que Tanucci reconnut, mais trop tard, la faute qu’il avait faite, en ne s’opposant pas de tout son crédit à une pareille clause. Il voulut néanmoins l’éluder ; mais la reine, aussi pénétrante qu’ambitieuse, et qui tous les jours acquérait de l’ascendant sur son époux, découvrit la cause des obstacles qu’apportait à ses vues un trop imprévoyant ministre, et résolut de s’en débarrasser. Bientôt, abreuvé de dégoûts, tourmenté de regrets, Tanucci fut renvoyé du ministère (1777). Comme tant d’autres qui l’avaient précédé dans la plus dangereuse des carrières, il alla finir dans la retraite des jours que du moins il avait glorieusement