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Note (Q), page 201.

« Maurepas (Jean-Frédéric Phelippeaux, comte de), issu d’une famille originaire de Blois, reconnue comme noble depuis 1399, était fils de Jérôme, ministre et secrétaire d’État, petit-fils du chancelier de Pontchartrain, dont le père et l’aïeul avaient été eux-mêmes dans le ministère ; en sorte que ces places restèrent dans la même famille pendant cent soixante-onze ans (depuis 1610 jusqu’en 1781). Le comte de Maurepas, né en 1701, avait été chevalier de Malte de minorité. À l’âge de quatorze ans, il fut pourvu de la charge de secrétaire d’État, à la place de son père qui venait de donner sa démission. Le marquis de La Vrillière fut chargé d’exercer la charge, et de former aux détails de l’administration ce jeune ministre, son parent, et peu après son gendre. Le comte de Maurepas perdit son beau-père en 1725, et c’est alors seulement que commença son ministère qui embrassa plusieurs grandes provinces, Paris, la cour et la marine. Il n’avait encore que vingt-quatre ans, et ce fut alors qu’il développa réellement ce caractère léger, insouciant et frivole dont il ne se corrigea, ni par les leçons de la disgrâce, ni par la maturité de l’âge, dans le cours d’une existence brillante que la nature et la fortune prolongèrent à l’envi jusqu’à une époque très-avancée. Un de ses contemporains le dépeint ainsi : « Superficiel et incapable d’une application sérieuse et profonde, mais doué d’une facilité de perception et d’une intelligence qui démêlait dans un instant le nœud le plus compliqué d’une affaire, il suppléait dans les conseils, par l’habitude et la dextérité, à ce qui lui manquait d’étude et de méditation. Accueillant et doux, souple et insinuant, flexible, fertile en ruses pour l’attaque, en adresse pour la défense, en faux-fuyans pour éluder, en détours pour donner le change, en bons mots pour démonter le sérieux par la plaisanterie, en ex-