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quatre évêques, alternativement avec le chœur. On trouve dans ces litanies le verset suivant :

Ut dominum Apostolicum et omnes gradus Ecclesiæ in sancta religione conservare digneris. (Que vous daigniez conserver dans votre sainte religion le souverain pontife et tous les ordres de l’Église.)

À la fin des litanies, l’archevêque de Reims se plaça sur son fauteuil, et le roi, s’étant allé mettre à genoux devant lui, reçut les onctions sur le sommet de la tête, sur la poitrine, entre les deux épaules, sur l’épaule droite, sur la gauche, à la jointure du bras droit, à celle du bras gauche. Dans le même temps ce prélat récitait quelques oraisons dont voici la substance : « Qu’il réprime les orgueilleux ; qu’il soit une leçon pour les riches ; qu’il soit charitable envers les pauvres et le pacificateur des nations. » Un peu plus bas on remarque, parmi ces oraisons, les paroles suivantes : « Qu’il n’abandonne point ses droits sur les royaumes des Saxons, des Merciens, des peuples du Nord et des Cimbres. »

Un auteur anonyme dit que par les Cimbres on entend le royaume d’Angleterre, sur lequel nos rois se réservent expressément leurs droits incontestables, depuis Louis VIII, auquel il fut conféré par la libre élection du peuple qui avait chassé Jean-sans-Terre.

Après les sept onctions l’archevêque de Reims, aidé des évêques de Laon et de Beauvais, referma avec des lacets d’or les ouvertures de la chemise et de la camisole du roi, qui, s’étant levé, fut revêtu par le grand-chambellan de la tunique, de la dalmatique et du manteau royal fourré et bordé d’hermine : ces vêtemens sont de velours violet, semés de fleurs de lis et broderies d’or, et représentent les habits de sous-diacre, de diacre et de prêtre : symbole par lequel le clergé cherche, sans doute, à prouver qu’il est uni à la puissance royale. Le roi se remit ensuite à genoux devant l’archevêque officiant qui lui fit la