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de zèle que nous lui avons connue, ni son ancien ton de mépris de toute politesse et des formes les plus usitées de la bonne société, lorsqu’il s’agissait de remplir ses devoirs. Il n’avait pour but que de soumettre dans ces circonstances les ennemis de son parti, et de soutenir jusqu’à la dernière extrémité la favorite qui lui avait servi à les dompter.

Un zèle contraire animait l’évêque de Carcassonne, aux prises avec le cardinal de La Roche-Aymon. Un esprit de complaisance avait élevé celui-ci à ses dignités et à ses places à la cour. Moins religieux que courtisan, il pensait, avec les Richelieu et la maîtresse, qu’on ne devait pas effrayer le monarque par aucun propos relatif à l’administration des sacremens. Il disait, comme eux, que la seule annonce des sacremens pouvait faire sur l’esprit du roi des impressions très-dangereuses. L’évêque de Carcassonne (le second Fitz-James, évêque de Soissons, qui avait joué le même rôle à Metz) voulait au contraire « que le roi fût administré, la concubine expulsée, et que le roi donnât un exemple de repentir à la France et à l’Europe chrétienne qu’il avait scandalisées. »

« De quel droit me donnez-vous des avis ? lui disait le cardinal de La Roche-Aymon. — Voilà mon droit, lui répliquait l’évêque de Carcassonne en détachant sa croix pectorale. Apprenez, Monseigneur, à respecter ce droit, et ne laissez pas mourir votre roi sans les sacremens de l’Église dont le roi très chrétien est le fils aîné. » Dans cette agitation, les scènes scandaleuses de Metz allaient se renouveler, lorsque le duc d’Aiguillon et l’archevêque de Paris, témoins de ces débats, jugèrent à propos de les terminer. D’Aiguillon alla prendre les ordres du roi relativement à madame Du Barry. « Il faut la mener sans bruit à votre campagne de Ruelle, lui dit le roi ; je saurai gré à madame d’Aiguillon des soins qu’elle prendra pour elle. »

Madame Du Barry vit encore le roi un moment le 4 au soir, lui promit de revenir à la cour à sa convalescence.