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gnait, d’après le caractère connu de Louis XV, tous les inconvéniens qui pourraient en résulter, si le duc d’Aiguillon venait à percer ce voile jusqu’alors impénétrable à ses yeux. Sa Majesté le rassura en lui disant les précautions prises et l’ordre formel donné de sa part au prince Louis, pour garder sur cet objet le secret le plus inviolable. Cet ordre fut en effet transmis par le prince de Soubise avec les témoignages les plus flatteurs et les plus honorables de la satisfaction et de la bienveillance du roi.

» Depuis cette découverte, tous les quinze jours un courrier extraordinaire partait pour les nouveaux envois avec les mêmes formes et les mêmes précautions. L’absence et les voyages de l’ambassadeur, et même son retour, n’interrompirent point, pendant un an que je restai seul chargé des affaires du roi, et n’apportèrent point d’obstacles au départ de courriers si intéressans. L’homme masqué semblait même redoubler de zèle à chaque rendez-vous. »


Note (C), page 48.

« À une grande défiance de ses propres forces, dit l’abbé Georgel, à un abandon total de volonté dans les affaires du gouvernement de son royaume, Louis XV joignait une excessive curiosité de connaître le secret des intrigues de sa cour, les propos de Paris, la vie privée de ses ministres, et leur conduite dans les relations de leur ministère. Indépendamment du lieutenant de police, il avait à Versailles et à Paris des agens secrets. Laroche, un de ses valets de chambre, était l’intermédiaire de cette inquisition clandestine : l’intendant de la poste aux lettres, Jeannet, et, après lui, le baron d’Ogny, avaient, tous les dimanches, un travail avec Sa Majesté, pour lui rendre compte de ce qu’ils avaient découvert par l’ouverture des lettres. Ces deux hommes de confiance intime faisaient des extraits, pour le roi, des