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personnes, autant l’école du monde que l’école du savoir.

« Un homme de lettres, ami de madame de Beauharnais, continue madame Campan dans le manuscrit que j’ai sous les yeux, lui parla de ma maison. Elle m’amena sa fille Hortense de Beauharnais, et sa nièce Émilie de Beauharnais. Six mois après elle vint me faire part de son mariage avec un gentilhomme corse, élève de l’École militaire et général. Je fus chargée d’apprendre cette nouvelle à sa fille qui s’affligea long-temps de voir sa mère changer de nom. J’étais aussi chargée de surveiller l’éducation du jeune Eugène de Beauharnais, placé à Saint-Germain dans la pension où était mon fils.

» Mes nièces, mesdemoiselles Auguié, étaient avec moi, logées dans la même chambre que mesdemoiselles de Beauharnais. Il s’établit une grande intimité entre ces jeunes personnes. Madame de Beauharnais partit pour l’Italie, en me laissant ses enfans. À son retour, après les conquêtes de Bonaparte, ce général fut très-content des progrès de sa belle-fille, m’invita à dîner à la Malmaison, et vint à deux représentations d’Esther à ma maison d’éducation[1]. »

Une anecdote qui est presque historique, et que je tiens des amis de madame Campan, se lie au souvenir d’une de ces représentations. Madame la duchesse de Saint-Leu représentait Esther : le rôle d’Élise était rempli par l’intéressante et malheureuse madame de Broc. Comme dans la pièce de Racine, même conformité

  1. Autre fragment du même Mémoire.