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madame Campan, quand le 9 thermidor lui rendit la vie, mais ne lui rendit pas le plus constant objet de ses pensées, de son zèle et de son dévouement.

Une carrière nouvelle s’ouvre ici pour madame Campan. L’instruction, les talens qu’elle possède, vont lui devenir utiles. À Coubertin, entourée de ses nièces, elle aimait à diriger leurs études, autant pour se distraire un moment de ses peines, que pour former leur esprit et leur raison. Cette occupation maternelle avait ramené ses idées vers l’éducation, et réveillé les premiers penchans de sa jeunesse.

Les goûts, le caractère se trahissent dès l’enfance. Je me souviens qu’en écrivant la Notice sur la vie de madame Roland, c’était pour moi un spectacle plein d’intérêt, que celui des premiers mouvemens d’une ame intrépide qu’échauffait, dès l’âge le plus tendre, l’enthousiasme des vertus antiques. Je ne voyais pas sans surprise une jeune fille, à cette époque de la vie où les plaisirs, la parure, sont les plus grandes occupations de son sexe, rêver dans la solitude qu’elle était Clélie fendant les eaux du Tibre, ou Cornélie qui se parait des Gracques aux yeux des dames romaines.

Les circonstances développent et révèlent tout-à-coup les inclinations naissantes. À douze ans, Mlle Genet ne rencontrait point, à la promenade ou dans les rues, de pensions de petites filles, qu’elle n’ambitionnât le rang, le titre et l’autorité de leur maîtresse. Le séjour de la cour avait détourné, mais non changé ses idées et ses goûts. Plus âgée, capable d’étendre le cercle de ses pro-

    tard elle était sauvée : la charrette qui conduisait Robespierre au supplice arrêta la marche de son convoi.