mantes mains. Cette scène si touchante ne s’est jamais effacée de mon souvenir. Et c’est sous le règne de souverains aussi clémens, aussi sensibles, que nous avons eu à souffrir des fureurs que la plus cruelle tyrannie n’eût pas même excusées ; et ce sont des êtres augustes, si bien formés par la divine Providence pour le bonheur des peuples, que nous avons eu la douleur de voir eux-mêmes victimes de ces fureurs aussi insensées qu’elles ont été barbares !
La reine fit parvenir au roi tous les mémoires de M. le duc de Guines, compromis, dans son ambassade en Angleterre, par un secrétaire qui avait joué sur les fonds publics à Londres, pour son propre compte, mais de manière à en faire soupçonner l’ambassadeur. MM. de Vergennes et Turgot, ayant peu de bienveillance pour le duc de Guines, ami du duc de Choiseul, n’étaient pas disposés à servir cet ambassadeur. La reine parvint à fixer l’attention particulière du roi sur cette affaire, et la justice de Louis XVI fit triompher l’innocence du duc de Guines.
Il existait sans cesse une guerre sourde entre les amis et les partisans de M. de Choiseul, que l’on nommait les Autrichiens, et tout ce qui tenait à MM. d’Aiguillon, de Maurepas, de Vergennes, qui, par la même raison, entretenaient le foyer des intrigues existantes à la cour et dans Paris, contre la reine. De son côté, Marie-Antoinette soutenait ceux qui pouvaient avoir souffert dans cette rixe