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M. Acton comme un homme que la malveillance même ne pouvait faire supposer capable de l’intéresser autrement que par ses services. Elle avait eu à souffrir des offenses d’un Espagnol, nommé Las-Casas, que le roi son beau-père lui avait envoyé pour la décider à éloigner M. Acton des affaires et de sa personne : elle se plaignait amèrement, à la reine sa sœur, des procédés révoltans de ce chargé d’affaires, auquel elle avait dit, pour le convaincre de la nature des sentimens qui l’attachaient à M. Acton, qu’elle le ferait peindre et sculpter par les plus célèbres artistes de l’Italie, et qu’elle enverrait son buste et son portrait au roi d’Espagne, afin de lui prouver que le désir de fixer un homme d’une capacité supérieure pouvait seul l’avoir portée à

    taine des Bourbons, elle réussit à détacher le cœur de son mari du pacte de famille, force principale des descendans de Louis XIV, tant elle était dévouée à son frère Joseph, seule divinité qu’elle adorait.

    » Cette conduite de Caroline, reine de Naples, et les précautions que la maison d’Autriche eut, dans tous ses traités de paix avec la France, de se conserver des droits sur l’Italie, développent les vues de la maison d’Autriche sur cet ancien héritage que la valeur et la politique des Bourbons lui avaient ôté. Sans la fermeté de don Carlos, roi de Naples, à son avènement à la couronne d’Espagne, l’Autriche aurait cet ancien domaine, en vertu des clauses de réversibilité que Marie-Thérèse avait adroitement introduites dans le traité d’Aix-la-Chapelle, et qu’elle avait obtenu de nouveau d’insérer dans le traité de 1758 : preuve évidente que l’Autriche n’a pas perdu de vue le projet d’un nouvel établissement dans le fond de l’Italie. » Des événemens récens pourraient ajouter encore un grand poids à ces conjectures sur la politique ambitieuse de la maison d’Autriche.

    (Note de l’édit.)