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Profond dans ses desseins qu’il trace avec froideur,
C’est pour les accomplir qu’il garde son ardeur.
Il sait défendre un camp et forcer des murailles,
Comme un jeune soldat il aime les batailles ;
Comme un vieux général il sait les éviter.
Je me plais à le suivre et même à l’imiter.
J’admire sa prudence et j’aime son courage ;
Avec ces deux vertus un guerrier n’a point d’âge[1].


Ces vers avaient été applaudis et redemandés au Théâtre-Français ; toutes les têtes étaient exaltées : il n’y avait point de cercle où l’on n’applaudît avec transport à l’appui que le gouvernement français accordait ouvertement à la cause de l’indépendance américaine. La constitution projetée pour

  1. « Le père du marquis de La Fayette fut tué à la bataille de Rosbach, et laissa sa femme enceinte d’un fils qui vint au monde le 1er septembre 1757. Le jeune marquis de La Fayette épousa, à l’âge de vingt ans, la fille du duc d’Ayen, fils aîné du maréchal de Noailles ; et la guerre de l’indépendance ayant éclaté dans l’Amérique septentrionale, il embrassa la cause des insurgens en 1777.

    » Les Anglo-Américains avaient alors si peu de crédit en France et en Europe, que les commissaires du congrès à Paris ne purent se procurer un vaisseau pour faciliter le passage de M. de La Fayette et de plusieurs officiers français qui voulaient suivre son exemple.

    » Il acheta, à ses frais, un vaisseau qu’il appela la Victoire ; mais lord Stormont, ambassadeur d’Angleterre en France, fut informé de son dessein, et força le ministère de s’y opposer. Parvenu, après beaucoup d’obstacles, en Amérique, il y fut accueilli par Washington. « Je viens vous demander deux grâces, lui dit-il : l’une de servir sous vos ordres en qualité de simple volontaire, et l’autre de ne recevoir aucun appointement. » (Anecdotes du règne de Louis XVI.)

    (Note de l’édit.)