repas à toutes ces femmes ; un des maîtres-d’hôtel de Sa Majesté[1], le chapeau sur la tête, était seul assis au milieu de la table pour leur en faire les honneurs ; le public y fut admis, et beaucoup de gens eurent la curiosité d’y aller.
Les chansons des poissardes furent nombreuses, et quelques-unes assez bien faites. Le roi et la reine furent très-satisfaits du couplet suivant, et le chantèrent plusieurs fois pendant le temps des couches :
Ne craignez pas, cher papa,
D’voir augmenter vot’famille,
Le bon Dieu z’y pourvoira :
Fait’s-en tant qu’Versaille en fourmille,
’Y eût-il cent Bourbons cheu nous,
’Y a du pain, du laurier pour tous.
- ↑ On exigeait des preuves de noblesse, ou au moins l’anoblissement au troisième degré, pour les charges de maître-d’hôtel.(Note de madame Campan.)
comme sa famille, nos prières et nos vœux le demandaient depuis long-temps. Ils sont enfin exaucés. Nous voilà sûrs que nos enfans seront aussi heureux que nous ; car cet enfant doit vous ressembler. Vous lui apprendrez, Sire, à être bon et juste comme vous. Nous nous chargeons d’apprendre aux nôtres comment il faut aimer et respecter son roi. » Elles dirent à la reine, entre autres choses : « Il y a si long-temps, Madame, que nous vous aimons sans oser vous le dire, que nous avons besoin de tout notre respect pour ne pas abuser de la permission de vous l’exprimer. » Et à M. le dauphin : « Vous ne pouvez entendre encore les vœux que nous faisons autour de votre berceau : on vous les expliquera quelque jour ; ils se réduisent tous à voir en vous l’image de ceux de qui vous tenez la vie. » (Anecdotes du règne de Louis XVI, tome Ier, p. 331, 332 et 333.)